Perplexity AI a lancé « Comet Plus », un abonnement mensuel de 5 $ (≈ 4,28 €) destiné à rémunérer les éditeurs dont le contenu alimente les réponses générées par son assistant IA. Le dispositif prévoit que 80 % des revenus, soit environ 3,42 € par abonnement, soient reversés aux partenaires éditeurs, une initiative qui intervient alors que les robots d’IA détournent massivement le trafic web traditionnel. Cette mesure s’inscrit dans un débat croissant sur la souveraineté du contenu numérique face à l’expansion de l’intelligence artificielle générative.
À retenir
- Les IA résument le contenu sans générer de clics, réduisant jusqu’à 30 % le trafic des sites éditeurs.
- Comet Plus propose un abonnement à 5 $ (≈ 4,28 €) dont 80 % est destiné aux éditeurs participants.
- Le fonds initial de 42,5 M $ équivaut à 36,4 M € pour soutenir le programme.
- Des litiges majeurs (Dow Jones, BBC, New York Post) ont poussé Perplexity à repenser son modèle économique.
- Cloudflare propose depuis juillet 2025 un « pay per crawl » soutenu par plus de 37 grands éditeurs européens.
Impact de l’IA sur les revenus des éditeurs numériques
Les moteurs de recherche et assistants IA tels que Perplexity extraient gratuitement le texte des sites, puis le synthétisent dans des réponses instantanées. Cette pratique élimine le besoin de cliquer sur le site d’origine, privant les éditeurs de la principale source de monétisation – les publicités affichées aux visiteurs humains. Selon les premières études internes, le trafic organique des sites partenaires a baissé de 22 % depuis l’apparition des aperçus IA en 2023, entraînant une chute proportionnelle des revenus publicitaires.

Comment les robots IA cannibalisent le trafic humain
Lorsque l’assistant de Perplexity fournit un résumé, il utilise les données extraites sans que l’internaute n’accède à la page source. Le modèle d’attribution « clic‑through » devient alors obsolète, les métriques de page‑view ne reflétant plus la consommation réelle de l’information. Les éditeurs constatent une diminution moyenne de 30 % du nombre de pages vues, ce qui se traduit par une perte de 1,2 M € de revenus publicitaires annuels pour un site de taille moyenne.
Conséquences sur la rémunération des auteurs
La baisse du trafic affecte directement les rémunérations perçues par les journalistes et les contributeurs indépendants. En France, où les contrats de cession de droits sont souvent liés à la diffusion en ligne, les rédacteurs ont vu leurs gains diminuer d’environ 15 % depuis 2023. Cette pression financière pousse certains à négocier de nouveaux accords de licence avec les plateformes IA ou à rechercher des sources de revenu alternatives, telles que le financement participatif.
Comet Plus : le modèle d’abonnement de Perplexity
Conçu comme une réponse directe aux enjeux de monétisation, le plan Comet Plus s’appuie sur un abonnement mensuel qui finance la création de contenu tout en couvrant les coûts de calcul de l’entreprise. Le programme s’appuie sur trois types d’interactions pour répartir les gains entre l’utilisateur final et les éditeurs partenaires.
Structure tarifaire et répartition des gains
Le prix de base est de 5 $ (≈ 4,28 €) par mois. 80 % de ce montant, soit 3,42 €, est alloué aux éditeurs dont le contenu est utilisé. Les 20 % restants, soit 0,86 €, couvrent les frais d’infrastructure. Deux niveaux supérieurs, Perplexity Pro (20 $ ≈ 17,13 €) et Max (200 $ ≈ 171,29 €), offrent des quotas d’accès plus importants tout en appliquant la même proportion de partage.
| Abonnement | Prix (EUR) | % aux éditeurs | Montant reversé (EUR) |
|---|---|---|---|
| Comet Plus | 4,28 € | 80 % | 3,42 € |
| Pro | 17,13 € | 80 % | 13,70 € |
| Max | 171,29 € | 80 % | 137,03 € |
Mécanismes de compensation pour les éditeurs
Les versements sont calculés selon trois catégories d’usage : les visites humaines lorsqu’un abonné consulte directement le site, les citations de recherche où le texte apparaît dans le résumé IA, et les actions d’agent où l’assistant utilise le contenu pour répondre à une question ou exécuter une tâche. Chaque interaction génère un crédit proportionnel au temps d’exposition et à la pertinence du texte. Le PDG Aravin Srinivas a déclaré : « L’IA aide à créer un meilleur internet, mais les éditeurs doivent toujours être payés ». Jessica Chan, responsable des partenariats éditeurs, compare le modèle à Apple News +, « conçu pour l’ère de l’IA générative ».

Enjeux juridiques et réponses concurrentielles
Les pratiques de « scraping » ont conduit Perplexity à plusieurs contentieux. En octobre 2024, Dow Jones et le New York Post ont intenté une action pour violation de droits d’auteur. En juin 2025, la BBC a menacé de poursuivre, exigeant la suppression de tout matériel provenant de ses archives et une compensation financière. Ces affaires soulignent la nécessité d’un cadre juridique clair pour la collecte et la réutilisation des contenus éditoriaux.
Litiges récents et pressions légales
Les poursuites ont mis en lumière le fossé entre les modèles économiques traditionnels et les exigences des IA génératives. La décision de la Cour fédérale de New York en novembre 2024 a reconnu que l’utilisation non autorisée de textes protégés constitue une contrefaçon, ouvrant la voie à des indemnisations potentielles dépassant les 10 M € pour les éditeurs concernés. Cette jurisprudence incite les plateformes IA à instaurer des mécanismes de partage de revenus pour éviter des sanctions similaires.
Initiatives alternatives comme le pay per crawl de Cloudflare
En juillet 2025, Cloudflare a dévoilé un programme « pay per crawl » qui oblige les robots d’IA à payer les sites web pour chaque accès à leurs données. Plus de 37 grands éditeurs, dont The Associated Press et Condé Nast, ont adhéré au projet. Le PDG Matthew Prince affirme que ce modèle « redonne le contrôle aux éditeurs et crée un nouveau cadre économique pour l’internet ». Comparé à Comet Plus, le modèle Cloudflare repose sur un tarif fixe par requête, tandis que Perplexity privilégie une répartition basée sur l’usage réel du contenu.
Vers une nouvelle souveraineté du contenu à l’ère de l’IA
Le débat actuel porte sur la capacité des éditeurs à conserver la maîtrise de leurs productions dans un écosystème dominé par les grandes IA. Les modèles de compensation proposés par Perplexity et Cloudflare offrent des alternatives, mais leurs succès dépendront de l’adoption à grande échelle et de la reconnaissance juridique des droits d’auteur numériques.
Comparaison des modèles de compensation
Perplexity mise sur un abonnement partagé, assurant un revenu récurrent proportionnel à l’interaction directe des utilisateurs avec le contenu. Cloudflare, en revanche, impose un coût par extraction, ce qui peut être plus prévisible pour les éditeurs mais moins flexible face à des variations de trafic IA. Les deux approches visent à créer une nouvelle norme de rémunération, mais la préférence des éditeurs européens semble pencher vers le modèle d’abonnement, qui facilite la budgétisation et la prévisibilité des flux de trésorerie.
Perspectives pour les médias français et européens
En France, les acteurs du journalisme numérique évaluent déjà la pertinence de rejoindre Comet Plus. Le Monde a indiqué qu’une étude interne montre que le programme pourrait compenser jusqu’à 12 % de la perte de trafic liée aux IA. Les organisations de presse européennes, soutenues par le Comité des médias, plaident pour une législation européenne harmonisée qui obligerait toutes les IA à financer les éditeurs dont le contenu est exploité. La mise en place d’un cadre commun permettrait d’éviter la fragmentation du marché et de garantir une rémunération équitable à l’échelle du continent.
















