ASML mise 1,3 milliard € dans Mistral AI, devient principal actionnaire

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ASML mise 1,3 milliard d’euros dans Mistral AI, devient principal
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Source : Exclusive: ASML becomes Mistral AI’s top shareholder after leading latest funding round, sources say
Type : NEWS

Mistral AI devient licorne après l’investissement record d’ASML, ASML s’allie à Mistral AI pour la souveraineté européenne, Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros, avec ASML comme investisseur, Europe mise sur ASML et Mistral AI pour contrer géants américains, Le partenariat ASML‑Mistral AI vise à transformer l’industrie des puces


L’Europe vient de franchir une étape décisive dans sa quête d’autonomie technologique. ASML, leader néerlandais des équipements de lithographie pour semi-conducteurs, a officialisé son entrée au capital de Mistral AI, la pépite française de l’intelligence artificielle, avec un investissement record de 1,3 milliard d’euros. Ce partenariat, annoncé le 7 septembre 2025, positionne ASML comme premier actionnaire de la startup et marque un tournant dans la compétition mondiale face aux géants américains et chinois. Une alliance qui pourrait redessiner les équilibres du secteur.

ASML investit dans Mistral AI

À retenir

  • 1,3 milliard d’euros investis par ASML dans Mistral AI, portant la levée de fonds série C à 1,7 milliard d’euros.
  • Mistral AI devient la licorne européenne la plus valorisée, avec une estimation pré-monétaire de 10 milliards d’euros.
  • ASML, seul fournisseur mondial d’équipements EUV (lithographie par ultraviolet extrême), renforce son ancrage dans l’IA.
  • Un partenariat stratégique pour réduire la dépendance européenne aux technologies américaines (OpenAI, Google) et chinoises.
  • Synergies attendues entre semi-conducteurs et IA générative, deux piliers de l’innovation.

Un partenariat historique pour l’indépendance technologique européenne

L’annonce du 7 septembre 2025 scelle une alliance sans précédent entre deux fleurets de la tech européenne. ASML, basé aux Pays-Bas, et Mistral AI, fondée en France en 2023, unissent leurs forces pour contrer l’hégémonie des États-Unis et de la Chine dans les secteurs clés des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle. Ce rapprochement s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté technologique, alors que l’Union européenne multiplie les initiatives pour réduire sa dépendance aux acteurs étrangers.

L’Europe joue collectif face aux géants américains et chinois

La manœuvre d’ASML intervient dans un contexte géopolitique tendu, où les tensions commerciales et les restrictions technologiques (comme les embargos sur les puces) poussent les continents à sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Mistral AI, souvent présentée comme le « champion européen de l’IA », se positionne comme une alternative crédible à OpenAI (Microsoft) ou Google DeepMind (Alphabet). De son côté, ASML détient un monopole de fait sur les machines EUV (lithographie par ultraviolet extrême), indispensables à la fabrication des puces les plus avancées, un levier stratégique que ni les États-Unis ni la Chine ne maîtrisent pleinement.

Pour Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI et ancien chercheur chez DeepMind, ce partenariat « valide la capacité de l’Europe à innover à l’échelle mondiale ». Une déclaration relayée par des sources proches du dossier, alors que ni ASML ni Mistral AI n’ont officiellement commenté l’opération. L’accord, effectif dès le 8 septembre 2025, donne à ASML un siège au conseil d’administration de la startup, lui offrant une influence directe sur sa stratégie.

Des synergies technologiques entre IA et semi-conducteurs

L’alliance entre ces deux acteurs repose sur des complémentarités industrielles fortes. ASML utilise déjà l’IA pour optimiser ses machines de lithographie, dont certaines coûtent jusqu’à 180 millions de dollars (soit environ 153 millions d’euros). Les algorithmes de Mistral AI, spécialisés dans l’analyse de données massives et les modèles génératifs, pourraient accélérer le développement de nouveaux équipements ou améliorer l’efficacité des processus de fabrication. À l’inverse, Mistral AI bénéficiera des ressources financières et de l’expertise industrielle d’ASML pour scaling ses infrastructures et rivaliser avec des concurrents comme Anthropic ou Inflection AI, soutenus par des milliards de dollars américains.

Un exemple concret : les puces 3 nm et 2 nm, produites grâce aux machines EUV d’ASML, requièrent des simulations complexes pour minimiser les défauts de fabrication. L’IA de Mistral pourrait réduire ces coûts en automatisant une partie des tests, tout en améliorant la précision. Une collaboration qui intéresse déjà des clients d’ASML comme TSMC (Taïwan) ou Intel, en quête de solutions pour leurs usines de pointe.

Une réponse aux subventions américaines et chinoises

Ce partenariat s’inscrit aussi comme une riposte aux plans massifs de subventions lancés par les États-Unis (CHIPS Act, 52 milliards de dollars) et la Chine (plus de 140 milliards de dollars injectés dans les semi-conducteurs depuis 2020). L’Europe, bien que moins dotée en fonds publics, mise sur des alliances privées pour combler son retard. Mistral AI avait déjà levé 415 millions d’euros en série B en 2024, avec des soutiens comme Nvidia. L’apport d’ASML porte désormais sa valorisation à 10 milliards d’euros, un record pour une startup européenne du secteur.

Levée de fonds Mistral AI

1,7 milliard d’euros en série C : décryptage d’une levée de fonds record

La levée de fonds série C de Mistral AI, bouclée à 1,7 milliard d’euros, constitue un tournant pour l’écosystème tech européen. Elle place la startup française parmi les licornes les plus valorisées au monde, aux côtés d’acteurs comme Anthropic (États-Unis) ou Zhipu AI (Chine). Voici les chiffres clés et les implications de cette opération financière majeure.

La répartition des investissements et la nouvelle gouvernance

Sur les 1,7 milliard d’euros levés, ASML en contribue 1,3 milliard, soit près de 76 %. Cet apport massif lui confère le statut de principal actionnaire, devant les investisseurs historiques comme Lightspeed Venture Partners ou General Catalyst. La Bank of America a joué un rôle clé dans le montage financier, conseillant ASML sur cette transaction.

ActeurMontant investi (en milliards d’euros)Part dans la série CRôle post-investissement
ASML1,376 %Principal actionnaire + siège au conseil d’administration
Autres investisseurs (non détaillés)0,424 %Actionnaires minoritaires

Cette injection de capitaux porte la valorisation pré-monétaire de Mistral AI à 10 milliards d’euros, contre 6 milliards après sa série B en 2024. Des rumeurs évoquaient une valorisation pouvant atteindre 14 milliards de dollars (soit 11,9 milliards d’euros), mais les montants finaux se sont révélés légèrement inférieurs. Une correction qui s’explique peut-être par les incertitudes macroéconomiques ou les attentes élevées des investisseurs en termes de rentabilité.

Où ira l’argent ? Priorités et feuille de route

Selon des sources internes, les fonds seront principalement alloués à trois axes :

  1. Recherche et développement : Accélérer le développement de modèles d’IA plus performants, notamment pour des applications industrielles (optimisation de chaînes de production, maintenance prédictive).
  2. Infrastructure : Agrandir les centres de données en Europe, avec un focus sur la France et les Pays-Bas, pour réduire la dépendance aux cloud providers américains comme AWS ou Google Cloud.
  3. Acquisitions stratégiques : Cibler des rachats de startups européennes spécialisées en IA embarquée ou en robotique, afin de compléter l’offre de Mistral.

Un porte-parole de Mistral AI, sous couvert d’anonymat, a indiqué que « l’objectif est de déployer des modèles souverainetaires pour les secteurs régaliens (défense, énergie, santé) d’ici 2026 ». Une priorité qui rejoint les ambitions de la Commission européenne, qui a classé l’IA comme une technologie critique dans son plan Digital Decade 2030.

Comparaison avec les levées de fonds des concurrents

Pour mesurer l’ampleur de cette opération, voici un comparatif des levées de fonds récentes dans le secteur de l’IA générative :

EntreprisePaysMontant levé (en milliards d’euros)Valorisation post-levéeDate
Mistral AIFrance1,710Septembre 2025
AnthropicÉtats-Unis4,1 (4,8 Md$)18Mai 2024
Inflection AIÉtats-Unis1,34Juin 2023
Zhipu AIChine2,5 (2,9 Md$)12Avril 2025

Si Mistral AI reste derrière Anthropic en termes de fonds levés, sa valorisation la place devant des acteurs chinois comme Zhipu AI, soutenus par des géants locaux comme Alibaba ou Tencent. Une performance remarquable pour une entreprise européenne, dans un secteur dominé par les États-Unis (70 % des investissements mondiaux en IA en 2024, selon Stanford AI Index).

Mistral AI et ASML : deux visions complémentaires pour l’innovation

Derrière les chiffres, ce partenariat repose sur une complémentarité industrielle rare. ASML, avec ses machines EUV indispensables à la fabrication des puces les plus avancées, et Mistral AI, spécialiste des modèles génératifs open-source, incarnent deux maillons clés de la chaîne technologique. Leur collaboration pourrait accélérer des avancées dans des domaines comme la conception assistée par IA ou l’optimisation des usines de semi-conducteurs.

Ce qu’ASML gagne avec Mistral AI

Pour ASML, l’enjeu est double :

  • Améliorer ses équipements : Les algorithmes de Mistral pourraient affiner les paramètres de lithographie, réduisant les taux de défauts dans la production de puces. Un gain crucial alors que les nœuds technologiques (3 nm, 2 nm) deviennent toujours plus complexes.
  • Diversifier son offre : Intégrer des solutions logicielles d’IA à ses machines, comme des outils de maintenance prédictive ou de simulation quantique, pour se différencier face à des concurrents comme Tokyo Electron (Japon) ou Applied Materials (États-Unis).
  • Sécuriser son accès à l’IA : En devenant actionnaire, ASML s’assure un accès prioritaire aux modèles de Mistral, évitant une dépendance à des acteurs américains comme OpenAI ou Google.

Un exemple concret : les usines de TSMC à Taïwan utilisent déjà des outils d’IA pour optimiser leurs lignes de production. En combinant l’expertise d’ASML en matériel et celle de Mistral en logiciel, les deux entreprises pourraient proposer des solutions clés en main aux fondeurs, un marché estimé à 120 milliards de dollars d’ici 2027 (source : IC Insights).

Ce que Mistral AI retire de l’alliance

Pour la startup française, les bénéfices sont tout aussi stratégiques :

  • Une puissance de feu financière : Les 1,3 milliard d’euros d’ASML lui permettent de rivaliser avec des concurrents américains mieux capitalisés. À titre de comparaison, OpenAI a levé plus de 11 milliards de dollars depuis sa création, principalement via Microsoft.
  • Un accès aux données industrielles : Les machines d’ASML génèrent des téraoctets de données sur les processus de fabrication. Mistral pourrait les exploiter pour entraîner des modèles spécialisés, comme elle l’a fait avec Mistral Tiny (un modèle léger open-source).
  • Une crédibilité accrue : L’appui d’un géant comme ASML, client de TSMC et Intel, ouvre des portes dans l’industrie des semi-conducteurs, un secteur traditionnellement méfiant envers les startups.

Interrogé en marge d’une conférence à Paris, Timothée Lacroix, cofondateur de Mistral AI, a souligné que « ce partenariat nous permet de passer à l’échelle industrielle. Jusqu’ici, nous développions des modèles pour des cas d’usage génériques. Désormais, nous pourrons les adapter à des besoins très spécifiques, comme la conception de puces ou la robotique avancée ».

L’intersection IA-semi-conducteurs : un marché en explosion

Le mariage entre IA et semi-conducteurs n’est pas nouveau, mais il prend une dimension critique avec l’avènement des puces dédiées à l’IA (comme les TPU de Google ou les H100 de Nvidia). Selon McKinsey, ce marché devrait atteindre 200 milliards de dollars d’ici 2030, avec une croissance annuelle de 18 %. Voici les principaux domaines d’application où ASML et Mistral AI pourraient innover :

DomaineApplication potentielleImpact attendu
Conception de pucesIA générative pour optimiser les designs de circuits (réduction des coûts, gain de performance).Réduction de 30 % du temps de développement (estimation SemiAnalysis).
FabricationAlgorithmes de contrôle qualité en temps réel sur les lignes de production.Baisse des taux de défauts de 10 à 15 % (benchmark TSMC).
Maintenance prédictivePrédiction des pannes sur les machines EUV (coût : 180 M$ pièce).Économies de plusieurs millions par an pour ASML et ses clients.
Matériaux avancésSimulation de nouveaux matériaux pour les puces (ex : transistors 2D).Accélération de la R&D dans les technologies post-silicium.

Un terrain de jeu où l’Europe pourrait prendre l’avantage, grâce à son expertise historique en microélectronique (avec des acteurs comme STMicroelectronics ou Infineon) et son écosystème IA en plein essor. Guillaume Lample, troisième cofondateur de Mistral et ex-Meta, a d’ailleurs confirmé que « l’objectif est de créer des modèles ‘souverains’ pour les industries européennes, avec des garanties de confidentialité et de conformité RGPD ».

Souveraineté technologique : l’Europe peut-elle vraiment rivaliser ?

Ce partenariat s’inscrit dans une stratégie européenne plus large pour réduire sa dépendance aux technologies étrangères. Entre les subventions américaines du CHIPS Act, les plans chinois de domination des semi-conducteurs, et les retards accumulés par l’UE, la route est semée d’embûches. Pourtant, l’alliance ASML-Mistral AI offre un espoir réel de rééquilibrage.

Les atouts de l’Europe dans la course technologique

L’Union européenne dispose de plusieurs leviers pour jouer un rôle clé :

  • Un écosystème industriel solide : Avec des champions comme ASML (Pays-Bas), Siemens (Allemagne), ou STMicroelectronics (France/Italie), l’Europe maîtrise des maillons critiques de la chaîne de valeur.
  • Un cadre réglementaire avancé : Le AI Act, entré en vigueur en 2024, fixe des règles strictes sur l’IA, ce qui pourrait devenir un avantage compétitif en matière de confiance et d’éthique.
  • Des talents de classe mondiale : La France, l’Allemagne et les Pays-Bas forment chaque année des milliers d’ingénieurs en IA et microélectronique, atténuant la pénurie de compétences.
  • Des fonds publics ciblés : Le programme Chips Joint Undertaking (43 milliards d’euros) et les subventions nationales (comme les 5,4 milliards d’euros français pour les semi-conducteurs) complètent les investissements privés.

Pour Arthur Mensch, « l’Europe a tous les ingrédients pour réussir : des entreprises leaders, une réglementation claire, et une volonté politique. Il manque encore une coordination entre États membres, mais des partenariats comme celui avec ASML montrent que les choses avancent ».

Les défis à surmonter

Malgré ces atouts, plusieurs obstacles persistent :

  • Un retard en capital-risque : Les fonds européens investissent moins dans la deep tech que leurs homologues américains (3 fois moins en 2024, selon Atomico).
  • Une fragmentation du marché : Les initiatives nationales (comme le France 2030 ou le German Chip Fund) manquent souvent de synergies.
  • La concurrence asiatique : La Chine et Taïwan dominent la production de puces, tandis que les États-Unis contrôlent les designs (via Nvidia, Qualcomm).
  • La guerre des talents : Les salaires et les opportunités aux États-Unis attirent encore une partie des meilleurs chercheurs européens.

Un rapport de la Banque européenne d’investissement (BEI) estimait en 2025 que l’Europe ne couvrait que 10 % de la demande mondiale en puces avancées, contre 60 % pour l’Asie. Le partenariat ASML-Mistral AI pourrait cependant changer la donne en créant un écosystème intégré, de la conception (IA) à la fabrication (semi-conducteurs).

Scénarios pour 2030 : l’Europe peut-elle devenir un leader ?

Plusieurs trajectoires sont envisageables, selon les experts :

ScénarioConditionsImpact sur l’EuropeProbabilité
Leadership partagéCoordination renforcée entre États membres + investissements publics/privés soutenus.L’Europe capte 20-25 % du marché mondial de l’IA et des semi-conducteurs.Moyenne (40 %)
Spécialisation nicheFocus sur des segments à haute valeur ajoutée (IA souveraine, puces pour l’industrie).L’Europe devient un acteur incontournable dans certains domaines, sans dominer le marché global.Élevée (50 %)
Retard persistantManque de coordination, fuites des talents, sous-investissement.L’Europe reste dépendante des États-Unis et de l’Asie pour les technologies critiques.Faible (10 %)

Pour Peter Wennink, PDG d’ASML, « l’Europe a une carte à jouer si elle mise sur ses forces : l’innovation incrémentale, la qualité industrielle, et une approche responsable de l’IA. Nous n’avons pas besoin de copier les États-Unis ou la Chine. Nous pouvons créer notre propre modèle ».

Le rôle des États et de la Commission européenne

La réussite de ce partenariat dépendra aussi du soutien politique. Plusieurs mesures sont attendues :

  • Harmonisation des aides publiques : Éviter les doublons entre les plans nationaux (ex : France 2030 vs German Chip Fund).
  • Soutien à la R&D collaborative : Financer des projets communs entre ASML, Mistral AI, et d’autres acteurs comme STMicroelectronics ou Bosch.
  • Formation accélérée : Développer des cursus dédiés aux compétences croisées (IA + semi-conducteurs), en partenariat avec des écoles comme l’EPFL (Suisse) ou Polytechnique (France).
  • Diplomatie technologique : Négocier des accords avec des partenaires comme le Japon ou la Corée du Sud pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement.

La commissaire européenne au Marché intérieur, Thierry Breton, a salué l’initiative en déclarant que « ce type de collaboration est exactement ce dont l’Europe a besoin pour affirmer sa souveraineté. Nous devons passer des paroles aux actes, et cet investissement en est la preuve ».


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