Oracle Cloud prévoit 144 milliards de revenus grace à l’IA

·

·

Oracle Cloud propulse la capitalisation de 250 milliards en un jour
Résumer cet article avec :

Le géant technologique Oracle a déclenché un séisme boursier hier avec des prévisions de revenus record pour son infrastructure cloud, propulsant sa valorisation à près de 940 milliards de dollars en une journée. Portée par une demande explosive en puissance de calcul pour l’intelligence artificielle, la société signe des contrats pharaoniques avec OpenAI, xAI et Meta, tout en défiant les leaders du cloud. Une ascension qui interroge : cette croissance fulgurante est-elle durable ou spéculative ?


À retenir

  • +250 milliards de dollars de capitalisation boursière gagnés en une journée, soit l’équivalent de la valorisation de L’Oréal.
  • 144 milliards de dollars : chiffre d’affaires annuel prévu pour Oracle Cloud Infrastructure (OCI) d’ici 2030, en hausse de 60 % par rapport aux attentes de Wall Street.
  • Contrats historiques : 4 accords de plusieurs milliards signés avec seulement 3 clients, dont un partenariat estimé à 30 milliards de dollars/an avec OpenAI pour le projet Stargate.
  • 359 % d’augmentation du Remaining Performance Obligation (RPO), un indicateur des revenus futurs, passant de 138 à 455 milliards de dollars en 3 mois.
  • Larry Ellison devient l’homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 393 milliards de dollars, dépassant Elon Musk.
  • 3 % de part de marché actuel pour OCI (vs 30 % pour AWS, 20 % pour Azure), mais une trajectoire visant à rivaliser avec Google Cloud d’ici 2030.

L’annonce qui a électrisé Wall Street : des chiffres records et leurs répercussions

Le 10 septembre 2025, Oracle a révélé des prévisions de revenus pour son infrastructure cloud si ambitieuses qu’elles ont provoqué une réaction immédiate et sans précédent sur les marchés. En quelques heures, le titre a grimpé de 38,25 %, atteignant 333,88 dollars par action, tandis que la capitalisation boursière de l’entreprise s’envolait de 250 milliards de dollars. Cette performance inégalée depuis 1992 a également dopé le Nasdaq, indice phare des valeurs technologiques, porté par l’euphorie autour de l’IA.

Une croissance boursière historique et ses comparaisons

La hausse de 96 % du titre Oracle depuis le début de 2025 s’est accélérée avec cette annonce, faisant de la société l’une des valeurs les plus dynamiques de l’année. Pour mettre ce bond en perspective, la capitalisation ajoutée en une journée (250 milliards de dollars) équivaut à la valorisation totale de groupes comme L’Oréal ou Nvidia en 2023. Les analystes soulignent que cette performance dépasse même les pics enregistrés lors de la bulle Internet des années 2000, avec un ratio prix/bénéfice (P/E) qui frôle désormais les 50, un niveau généralement réservé aux entreprises en hypercroissance.

Cette envolée s’inscrit dans un contexte où les investisseurs parient massivement sur les infrastructures capables de soutenir l’essor de l’IA. Le Nasdaq, dominé par les géants technologiques, a ainsi atteint des niveaux records, tiré par des sociétés comme Nvidia, Microsoft et désormais Oracle. Selon les données de Bloomberg, les titres liés à l’IA représentent désormais 40 % des flux d’investissement dans les fonds technologiques américains.

Le rôle clé des prévisions dans la réaction des marchés

Ce qui a particulièrement marqué les observateurs, ce n’est pas seulement l’ampleur des chiffres, mais leur écart par rapport aux attentes. Oracle a en effet annoncé un chiffre d’affaires annuel pour OCI pouvant atteindre 144 milliards de dollars d’ici 2030, une projection 60 % supérieure aux estimations consensuelles de Wall Street. La PDG Safra Catz a détaillé une croissance en cinq étapes :

  1. 2025-2026 : 18 milliards de dollars (+77 % vs 2024).
  2. 2026-2027 : 32 milliards de dollars.
  3. 2027-2028 : 73 milliards de dollars.
  4. 2028-2029 : 114 milliards de dollars.
  5. 2029-2030 : 144 milliards de dollars.

Ces prévisions reposent sur un carnet de commandes déjà rempli : le Remaining Performance Obligation (RPO), qui mesure les revenus futurs sous contrat, a bondi de 359 % en trois mois, passant de 138 à 455 milliards de dollars. Oracle table même sur un dépassement du half-billion de dollars (500 milliards) dans les prochains mois, grâce à de nouveaux accords en négociation.

Oracle Cloud fait bondir sa valorisation

Oracle Cloud Infrastructure : une machine de guerre face aux géants du cloud

Derrière ces chiffres vertigineux se cache une stratégie agressive pour positionner OCI comme l’infrastructure privilégiée des acteurs de l’IA. Alors que le marché du cloud est dominé par AWS (30 % de part de marché), Microsoft Azure (20 %) et Google Cloud (13 %), Oracle ne pèse aujourd’hui que 3 %. Pourtant, sa croissance récente et ses partenariats stratégiques pourraient rebattre les cartes d’ici 2030.

Des contrats pharaoniques avec les leaders de l’IA

La clé de cette ascension ? Des accords avec les principaux acteurs de l’intelligence artificielle, dont les besoins en puissance de calcul (mesurée en gigawatts) sont exponentiels. Parmi les contrats les plus marquants :

  • OpenAI : un partenariat estimé à 30 milliards de dollars par an, lié au projet Stargate, une infrastructure d’IA massive soutenue par SoftBank. Ce contrat prévoit la construction de data centers capables de fournir 4,5 gigawatts de puissance aux États-Unis, l’équivalent de la consommation électrique de 3 millions de foyers.
  • xAI (Elon Musk) et Meta : des accords non chiffrés publiquement, mais décrits comme « multi-milliards » par Larry Ellison, pour l’entraînement de leurs modèles d’IA.

Ces contrats s’ajoutent à une dynamique commerciale exceptionnelle : Oracle a signé quatre accords de plusieurs milliards de dollars avec seulement trois clients au dernier trimestre. Une concentration qui soulève des questions sur la dépendance de la société à ces partenariats (voir section Risques).

Le projet Stargate : une infrastructure dédiée à l’IA

Au cœur de l’accord avec OpenAI, le projet Stargate illustre l’ambition d’Oracle de devenir un acteur incontournable de l’IA. Ce méga-data center, dont la construction a débuté en 2025, sera équipé de centaines de milliers de GPU (processeurs graphiques optimisés pour l’IA) et d’une capacité électrique dédiée de 4,5 gigawatts. À titre de comparaison, le plus grand data center d’AWS en Virginie consomme environ 1,2 gigawatt.

Larry Ellison a précisé que Oracle livrera 37 nouveaux data centers à ses partenaires hyperscalers (Amazon, Google, Microsoft) d’ici 2026, portant son réseau à 71 sites. Une expansion rendue possible par la demande en bases de données multi-cloud, dont les revenus ont explosé de 1 529 % au premier trimestre 2025.

Une stratégie de différenciation face à AWS, Azure et Google Cloud

Contrairement à ses concurrents, Oracle mise sur trois leviers pour se distinguer :

  1. L’intégration verticale : en contrôlant à la fois le matériel (serveurs, GPU), les logiciels (bases de données) et les services cloud, OCI promet une optimisation des coûts et des performances pour les clients IA.
  2. Les partenariats exclusifs : les accords avec OpenAI ou xAI incluent des clauses de priorité d’accès aux ressources, un avantage clé dans un marché où la pénurie de GPU est chronique.
  3. La souveraineté des données : Oracle propose des solutions « sovereign cloud » pour les gouvernements et entreprises européennes, un argument de poids face au Cloud Act américain.

Résultat, alors que AWS et Azure voient leur croissance ralentir (respectivement +12 % et +15 % en 2025), OCI affiche une progression de 77 % sur son dernier exercice. Morningstar estime que Oracle pourrait atteindre une taille comparable à Google Cloud d’ici 2030, avec une valorisation potentielle dépassant les 1 500 milliards de dollars.

Oracle Cloud et IA : perspectives 2030

L’intelligence artificielle, moteur (et risque) de la croissance d’Oracle

La demande en infrastructures pour l’IA est le principal catalyseur de cette success story. Selon Gartner, les dépenses mondiales en data centers dédiés à l’IA devraient atteindre 200 milliards de dollars d’ici 2027, soit une multiplication par cinq en trois ans. Oracle surfe sur cette vague, mais cette dépendance comporte des risques majeurs.

Une demande en calcul IA qui explose

Les modèles d’IA générative, comme ceux développés par OpenAI ou Meta, nécessitent des ressources computationnelles colossales. Par exemple :

  • L’entraînement de GPT-5 (prévu pour 2026) requerrait 100 000 GPU Nvidia H100 fonctionnant en continu pendant trois mois, pour un coût énergétique estimé à 50 millions de dollars.
  • xAI, la startup d’Elon Musk, a réservé 10 000 GPU auprès d’Oracle pour son modèle Grok-2, avec une option pour doubler cette capacité d’ici 2027.

Face à cette demande, Oracle a annoncé la construction de 14 nouveaux data centers en 2025-2026, dont six aux États-Unis, quatre en Europe (Francfort, Londres, Madrid) et deux en Asie (Tokyo, Singapour). Ces sites seront équipés des dernières générations de GPU (Nvidia Blackwell, AMD Instinct MI300X) et de systèmes de refroidissement liquide pour limiter la consommation énergétique.

Le défi énergétique et logistique

Cette expansion pose cependant un défi de taille : l’approvisionnement en électricité. Aux États-Unis, les délais pour obtenir des contrats d’énergie dépassent souvent 24 mois, et les coûts ont augmenté de 40 % depuis 2023. Oracle a ainsi dû signer des accords longs termes avec des fournisseurs comme NextEra Energy (Floride) et Vistra Corp (Texas) pour sécuriser ses 4,5 gigawatts nécessaires au projet Stargate.

En Europe, la situation est encore plus complexe en raison des réglementations sur les émissions carbone. Oracle a annoncé que ses data centers européens fonctionneront à 100 % avec des énergies renouvelables d’ici 2027, via des partenariats avec Engie (France) et Ørsted (Danemark).

Les risques d’une dépendance excessive à l’IA

Si l’IA est aujourd’hui un accélérateur, elle pourrait aussi devenir un talon d’Achille. Trois risques principaux se dessinent :

  1. La concentration client : OpenAI pourrait représenter 30 % des revenus d’OCI d’ici 2029. Or, la santé financière de la startup, qui dépense 115 milliards de dollars en infrastructures d’ici 2029 pour des revenus mensuels estimés à 1 milliard de dollars, est incertaine.
  2. La volatilité des dépenses IA : les budgets des géants tech pourraient se contracter en cas de ralentissement économique. Meta a déjà réduit ses investissements IA de 10 % en 2024.
  3. La concurrence accrue : AWS et Microsoft investissent massivement dans leurs propres GPU (respectivement Trainium et Maia), réduisant leur dépendance à Nvidia et donc l’avantage d’Oracle.

Nous devons diversifier notre base clients pour éviter une exposition trop forte aux aléas d’un seul acteur. Mais aujourd’hui, l’IA représente 80 % de notre pipeline commercial, et c’est une réalité du marché.

a reconnu Safra Catz lors de la conférence aux investisseurs.

Larry Ellison, nouveau roi des milliardaires, et les défis à venir

L’envolée d’Oracle a propulsé son cofondateur, Larry Ellison, au sommet du classement des fortunes mondiales. Avec 393 milliards de dollars selon le Bloomberg Billionaires Index, il devance désormais Elon Musk (385 milliards) et Jeff Bezos (210 milliards). Une ascension qui symbolise le basculement des richesses vers les acteurs du cloud et de l’IA.

Une fortune liée à la performance d’OCI

Ellison, qui détient 40 % des actions d’Oracle, a vu sa fortune augmenter de 101 milliards de dollars en une seule séance. Cette wealth creation record s’explique par :

  • La structure actionnariale : contrairement à Musk (dont la fortune repose sur Tesla et SpaceX, deux entreprises non cotées en partie), celle d’Ellison est entièrement liée à Oracle, dont les actions sont très liquides.
  • Les stock-options : Ellison a exercé des options pour 50 millions d’actions en 2025, profitant de la hausse du cours.
  • Les dividendes : Oracle a augmenté son dividende de 25 % en 2025, versant 1,6 milliard de dollars à ses actionnaires.

Pourtant, cette fortune reste volatile : une correction de 20 % du titre Oracle effacerait 80 milliards de dollars de sa valorisation personnelle. Les analystes de J.P. Morgan estiment que le cours actuel intègre déjà une croissance parfaite d’OCI, toute déception pourrait déclencher un mouvement de vente massif.

Les défis structurels pour Oracle à moyen terme

Au-delà des risques liés à l’IA, Oracle doit relever trois défis majeurs :

DéfisEnjeuxStratégie d’Oracle
Dépendance aux hyperscalers60 % des revenus cloud proviennent de partenariats avec AWS, Azure et Google Cloud.Développer une offre cloud autonome via OCI Dedicated, ciblant les entreprises soucieuses de souveraineté.
Pénurie de talentsLe marché manque d’ingénieurs capables de gérer des infrastructures IA à grande échelle.Formation accélérée de 10 000 employés en 2025 via des partenariats avec MIT et Stanford.
RégulationLes data centers consomment 2 % de l’électricité mondiale ; les gouvernements européens imposent des quotas carbone.Investissement de 5 milliards de dollars dans des data centers « zéro émission » en Scandinavie et au Canada.

La souveraineté européenne, un atout différenciant

En Europe, Oracle mise sur son positionnement « sovereign cloud » pour séduire les institutions publiques et les entreprises réglementées. Contrairement à AWS ou Azure, soumises au Cloud Act (qui permet au gouvernement américain d’accéder aux données), OCI propose des data centers 100 % locaux, avec des clés de chiffrement contrôlées par le client.

Cette stratégie porte ses fruits : en 2025, Oracle a remporté des contrats avec :

  • La Commission européenne pour héberger ses données sensibles (montant : 1,2 milliard d’euros sur 5 ans).
  • La Bundanwehr (armée allemande) pour ses systèmes de cyberdéfense.
  • TotalEnergies et Airbus, pour leurs projets d’IA industrielle.

En France, Oracle a annoncé l’ouverture d’un quatrième data center à Saclay en 2026, en partenariat avec OVHcloud, pour répondre aux exigences du RGPD et de la loi sur la souveraineté numérique.


Sur le même Thème :