Meta a conclu, le 21 août 2025, un accord de six ans d’une valeur de plus de 10 milliards USD (≈ 8,58 milliards €) avec Google Cloud afin de renforcer son infrastructure d’intelligence artificielle. Ce partenariat, qui s’ajoute à la collaboration déjà établie avec OpenAI, place la course à la puissance de calcul au cœur de la rivalité entre les géants du cloud. Au travers de cet article, nous décortiquons les motivations stratégiques, les impacts économiques et les défis technologiques qui découlent de cette alliance.
À retenir
- Meta investit entre 66 et 72 milliards € en capital chaque année, dont une partie est externalisée via le cloud.
- L’accord avec Google Cloud représente plus de 10 milliards USD, le deuxième plus gros contrat de la division cloud de Google.
- Google Cloud a vu son chiffre d’affaires du cloud atteindre plus de 13 milliards USD au T2 2025, en hausse de 32 %.
- Meta adopte une stratégie multicloud, combinant AWS, Microsoft Azure et désormais Google Cloud.
- La demande mondiale de GPU dépasse la capacité de production de Nvidia, créant des tensions d’approvisionnement.
Partenariat IA entre Meta et Google Cloud : enjeux et portée
Le nouveau contrat, signé le 21 août 2025, marque un tournant dans la façon dont les deux entreprises abordent le développement de l’intelligence artificielle.
Nature et portée de l’accord : services cloud et engagements financiers
L’alliance prévoit la mise à disposition de serveurs, de capacités de stockage et de réseaux à haute bande passante pour les modèles d’IA de Meta. Le budget global dépasse 10 milliards USD, soit environ 8,58 milliards €, sur six ans. Ce montant place le partenariat parmi les plus importants jamais signés par la branche cloud de Google en ses 17 ans d’existence.
« Ce contrat reflète la confiance mutuelle dans la capacité à fournir une infrastructure de calcul à l’échelle nécessaire », a déclaré un porte-parole de Google Cloud.
Contexte stratégique : la pression croissante pour des ressources de calcul
Le secteur de l’IA subit une demande exponentielle de puissance de calcul, surtout pour les modèles génératifs. Les entreprises doivent rapidement adapter leurs capacités tout en maîtrisant des coûts qui peuvent dépasser plusieurs dizaines de milliards d’euros. Dans ce contexte, le recours à un fournisseur de cloud permet de réduire le délai de mise en service et d’atténuer les risques financiers liés à la construction de nouveaux centres de données.
Acteurs clés et aspects financiers : qui finance quoi ?
Meta, qui a récemment augmenté son budget annuel de dépenses en capital de 2 milliards € (passant de 66 à 72 milliards €), utilise ce partenariat pour alléger le poids de ses investissements internes. Simultanément, Google Cloud bénéficie d’une nouvelle source de revenus majeurs, consolidant sa position derrière AWS et Microsoft Azure. Le contrat représente le deuxième accord d’envergure de Google Cloud dans le domaine de l’IA, après celui conclu avec OpenAI.

Stratégie d’infrastructure IA de Meta : entre investissements internes et alliances externes
Meta mise sur une approche hybride qui combine la construction de ses propres data‑centers et la coopération avec plusieurs fournisseurs de cloud.
Équilibre entre investissement interne et partenariats cloud externes
Depuis juillet 2024, Meta a annoncé un plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards de dollars pour ériger de nouveaux centres de données dédiés à l’IA. En parallèle, l’entreprise a cédé 2 milliards USD d’actifs de data‑centers à des partenaires externes, afin de libérer des liquidités et d’accélérer le déploiement de capacités de calcul.
Engagements financiers et gestion des actifs : la stratégie multicloud
Outre Google Cloud, Meta utilise déjà les services d’AWS et d’Microsoft Azure. Cette diversification minimise les risques liés à la pénurie de GPU et permet d’optimiser les coûts en fonction des performances offertes par chaque plateforme. Le modèle multicloud offre également une résilience accrue face aux éventuelles défaillances d’un fournisseur unique.
Vision de Mark Zuckerberg pour la domination de l’IA : puissance et talent
Le PDG de Meta a exprimé son ambition de créer une IA « plus intelligente que les humains » et de constituer « l’équipe la plus élitiste et la plus dense en talents de toute l’industrie ». Pour atteindre cet objectif, il mise sur une puissance de calcul « sans équivalent », rendue possible grâce aux ressources combinées des data‑centers internes et du cloud externe.

Google Cloud face à la demande croissante d’IA : positionnement et défis
Le partenariat avec Meta renforce le rôle de Google Cloud comme acteur majeur du cloud computing dédié à l’IA.
Capitalisation sur la demande d’IA : performances financières récentes
Au deuxième trimestre 2025, le chiffre d’affaires du cloud de Google a dépassé 13 milliards USD, en hausse de 32 % par rapport à l’année précédente. Cette croissance témoigne de l’appétit du marché pour des services d’infrastructure capables de supporter des modèles d’apprentissage automatique à grande échelle.
Positionnement sur le marché et précédents accords majeurs
Google Cloud se classe troisième derrière AWS et Microsoft Azure. Le partenariat avec Meta vient s’ajouter à celui déjà conclu avec OpenAI, confirmant la stratégie de Google de s’associer aux leaders de la recherche en IA pour stimuler la consommation de son infrastructure.
Une alliance stratégique malgré la concurrence : coopération et rivalité
Bien que Meta et Google se disputent des parts de marché dans la publicité numérique et le développement de modèles d’IA, la pression du marché justifie une collaboration pragmatique.
« La demande colossale d’infrastructure nous oblige à mettre de côté la concurrence directe pour répondre aux besoins de nos clients », a déclaré un responsable de Google Cloud.
Implications industrielles : coûts, multicloud et perspectives d’avenir
Le contrat Meta‑Google Cloud illustre les transformations qui s’opèrent dans l’ensemble du secteur de l’intelligence artificielle.
L’augmentation des coûts et de l’échelle du développement de l’IA
Le développement de grands modèles de langage (LLM) et d’applications d’IA générative implique des dépenses d’énergie et de matériel qui peuvent dépasser plusieurs milliards d’euros chaque année. En externalisant une partie de ces coûts, Meta espère stabiliser son budget tout en conservant une marge d’innovation.
Approches multicloud et pénuries de GPU : une réponse aux contraintes d’approvisionnement
La production de GPU par Nvidia, même soutenue par TSMC, ne suit plus le rythme de la demande. En diversifiant ses fournisseurs de cloud, Meta réduit sa dépendance à un seul type de matériel et peut basculer rapidement vers des plateformes offrant davantage de GPU ou de TPU (Tensor Processing Units) en fonction des besoins.
Autres initiatives stratégiques de Meta : Midjourney et la génération d’images IA
Le même jour que la signature avec Google Cloud, Meta a annoncé une alliance avec Midjourney, laboratoire spécialisé dans la génération d’images et de vidéos par IA. Cette initiative complète la stratégie globale de Meta qui vise à intégrer l’IA générative dans ses produits AR & VR, ainsi que dans ses services de données et d’analyses.
Perspectives d’avenir : souveraineté technologique et compétitivité européenne
Pour l’Europe, le partenariat souligne l’importance de développer des capacités de calcul locales afin de réduire la dépendance aux fournisseurs américains. Les gouvernements européens pourraient encourager la création de centres de données souverains, compatibles avec les normes de protection des données, afin de garantir que les avancées de l’IA restent sous contrôle régional.
















