Les réseaux de cartes de crédit accélèrent le déploiement de l’IA agentielle dans les paiements numériques. Visa et Mastercard ont dévoilé, entre avril et septembre 2025, des plateformes permettant aux agents intelligents d’acheter, de facturer et de sécuriser les transactions sans intervention humaine. L’article décortique les innovations, les nouveaux acteurs comme Ant International, ainsi que les enjeux de confiance et de régulation.
À retenir
- L’IA agentielle offre autonomie, planification et exécution de paiements au nom de l’utilisateur.
- Visa Intelligent Commerce et Mastercard Agent Pay standardisent l’accès via le Model Context Protocol (MCP) Server.
- Ant International introduit la solution Antom EasySafePay, open‑source et intégrée aux agents IA.
- La sécurisation repose sur la tokenisation, le stablecoin et des contrôles de fraude réinventés.
- Le marketing devra cibler les agents IA, tandis que la régulation européenne peine à suivre.
L’ère de l’acceptation agencielle : les sociétés de cartes bancaires misent sur les développeurs
L’émergence de l’IA agentielle redéfinit la manière dont les paiements sont initiés et validés, et les réseaux de cartes y voient une opportunité stratégique. En plaçant les développeurs au cœur de l’écosystème, Visa et Mastercard cherchent à créer un standard ouvert capable de soutenir la confiance entre utilisateurs, organisations et banques.
Définition et contexte de l’IA agentielle et du commerce agentiel
L’IA agentielle désigne une forme d’intelligence artificielle capable d’agir de façon autonome : elle planifie, définit des objectifs et s’adapte à son environnement avec une intervention humaine minimale. Contrairement à l’IA générative, qui se contente de produire du texte ou des images, l’agent raisonne, élabore des stratégies et exécute des actions concrètes. Le commerce agentiel est l’application de cette technologie aux domaines du shopping, des paiements et du commerce en ligne, où les agents simplifient les choix et automatisent les achats.
Objectifs et avantages du déploiement de l’IA agentielle dans les paiements
Le principal objectif consiste à instaurer une confiance durable entre le consommateur, le marchand et la banque. Les agents IA peuvent vérifier l’authenticité d’une transaction, appliquer des limites de dépenses et gérer les litiges, tout en réduisant les frictions. Parmi les bénéfices, on compte un gain de temps notable pour les consommateurs, une réduction du coût de traitement des paiements et une amélioration de la sécurité grâce à la tokenisation et au suivi contextuel des opérations.

Innovations majeures : Visa et Mastercard à la pointe de la révolution agentielle
Visa et Mastercard ont lancé, au cours de l’année 2025, des plateformes qui permettent aux agents IA de fonctionner comme de véritables intermédiaires de paiement, tout en offrant aux développeurs des outils de standardisation et de sécurisation.
Visa intelligent commerce : outils et standardisation pour les développeurs
En avril 2025, Visa a présenté Visa Intelligent Commerce, une plateforme conçue pour que les agents IA naviguent, sélectionnent et achètent au nom des humains. Le Model Context Protocol (MCP) Server, rendu disponible en septembre 2025, fournit une interface normalisée permettant aux développeurs de connecter leurs modèles d’IA aux API de Visa. Le protocole encode le contexte de la transaction (montant, devise, intention d’achat) afin d’assurer une compréhension partagée entre l’agent et le réseau de paiement.
Le Visa Acceptance Agent Toolkit, quant à lui, est un outil no‑code qui traduit les requêtes en langage naturel en appels d’API sécurisés. Il facilite la création de factures, la génération de liens de paiement et la gestion des remboursements sans écrire de code complexe. « Le serveur MCP réduit le temps de développement des prototypes de plusieurs semaines à quelques heures », explique Rubail Birwadker, responsable de la croissance mondiale chez Visa.
Mastercard agent pay : partenariats et sécurité renforcée
Au même moment, Mastercard a lancé Mastercard Agent Pay, une solution visant à enrichir les conversations d’IA générative avec des services de paiement sécurisés. En collaboration avec Microsoft, la plateforme intègre le Microsoft Azure OpenAI Service et Microsoft Copilot Studio, offrant aux développeurs un environnement unifié pour créer des agents capables d’effectuer des transactions.
Pour garantir la fiabilité, Mastercard a introduit les Mastercard Agentic Tokens, basés sur la tokenisation existante, qui chiffrent chaque paiement et permettent une traçabilité totale. Jorn Lambert, directeur des produits chez Mastercard, souligne : « La sécurité et les nouvelles interfaces marchandes sont essentielles pour distinguer les agents fiables des acteurs malveillants ».
| Caractéristique | Visa Intelligent Commerce | Mastercard Agent Pay |
|---|---|---|
| Année de lancement | avril 2025 | avril 2025 |
| Protocole standard | Model Context Protocol (MCP) | API propriétaire + Azure OpenAI |
| Outil no‑code | Visa Acceptance Agent Toolkit | Intégration Copilot Studio |
| Tokenisation | Tokenisation traditionnelle | Mastercard Agentic Tokens |
| Partenariats clés | Stablecoin, Flex Credential | Microsoft Azure |
L’émergence des nouveaux acteurs et les défis opérationnels
Alors que les grands réseaux consolident leurs solutions, de nouveaux partenaires proposent des alternatives qui étendent le champ d’application de l’IA agentielle aux marchés émergents.

Contribution des nouveaux partenaires : Ant International et les paiements alternatifs
En septembre 2025, Ant International a introduit Antom EasySafePay, une solution de paiement agentielle qui relie directement les portefeuilles numériques aux pages de paiement, évitant toute redirection. La technologie, disponible en open‑source sur GitHub, supporte les flux de paiement dialogués, y compris les transactions pré‑autorisées conditionnelles (limites de dépenses, ventes flash). Gary Liu, directeur général d’Antom, déclare que le paiement agentiel représente une étape fondamentale pour que les agents IA créent de la valeur, ce qui nécessite une refonte des systèmes de paiement et de nouveaux protocoles.
Adaptation des infrastructures et des contrôles de fraude
Les modèles traditionnels de détection de fraude, basés sur le comportement humain, peinent à identifier les transactions initiées par des agents autonomes. Les paiements automatisés, bien que autorisés, peuvent masquer l’intention réelle de l’utilisateur, ce qui augmente le risque de fraude de première partie. Les banques sont appelées à renforcer la gouvernance de l’identité numérique, à enrichir les modèles de risque avec des indicateurs contextuels et à déployer des mécanismes de validation multi‑facteurs adaptés aux agents.
Transformation du marché : marketing, régulation et expérience client
L’essor du commerce agentiel modifie la dynamique entre les marques, les consommateurs et les plateformes, tout en soulevant des questions réglementaires encore peu résolues.
Impact sur le marketing et le comportement des consommateurs
Les agents IA peuvent contourner les sites e‑commerce traditionnels, effectuant la majorité des achats via des chatbots. Gartner prévoit une réduction de 25 % des volumes de recherche sur des moteurs comme Google d’ici 2026, du fait de la découverte assistée par l’IA. Les marques devront optimiser leurs catalogues pour la compréhension en langage naturel et créer des contenus dédiés aux bots, afin d’apparaître dans les réponses générées par les agents.
Enjeux réglementaires et juridiques
Le cadre législatif européen, notamment l’AI Act, précède le commerce agentiel et ne couvre pas les spécificités de l’autonomie transactionnelle. Cette inadéquation crée un vide juridique concernant le consentement, la responsabilité en cas de litige et la transparence des algorithmes. Les régulateurs devront repenser les notions d’« agence », d’« identité numérique » et de « pratiques commerciales équitables » pour encadrer les interactions entre agents et utilisateurs.
Vers un écosystème d’agents spécialisés
Pour assurer une adoption sécurisée, un réseau d’agents spécialisés est indispensable. Les plug‑ins, le MCP et les API interconnectées permettent aux agents de s’enrichir mutuellement et d’évoluer en continu. Un modèle d’interconnexion « 1 : N » favorise l’émergence de services complémentaires (vérification d’identité, recommandation produit, gestion des litiges), tout en maintenant une gouvernance centralisée.
















