Staan, l’index de recherche européen lancé le 6 juin 2025, marque la fin de la dépendance européenne vis-à-vis de l’infrastructure américaine. Cette initiative conjointe de Qwant et Ecosia propose une alternative dix fois moins chère que Google et Bing, tout en garantissant la souveraineté numérique de l’Europe.
À retenir
- Staan traite déjà les requêtes françaises depuis le 6 août 2025
- Objectif : 50 % du marché français et 33 % du marché allemand d’ici fin 2025
- Coût réduit de 90 % par rapport aux solutions américaines
- Conformité stricte avec le RGPD et traitement des données en Europe
- API ouverte pour les développeurs d’IA et chatbots
Staan : l’Europe se libère de la domination américaine
Staan représente la première véritable alternative européenne aux géants de la recherche en ligne. Cet index développé par European Search Perspective (EUSP), la coentreprise entre Qwant et Ecosia, vise explicitement à réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis des infrastructures américaines.
Un contexte de crise des coûts
La décision de créer Staan résulte directement de l’augmentation drastique des prix des API de Microsoft en 2024. Ecosia et Qwant, qui dépendaient jusqu’alors des infrastructures dorsales de Google et Bing, ont vu leurs coûts exploser. Cette hausse a accéléré la collaboration entre les deux moteurs européens pour construire une solution indépendante.

Une architecture conçue pour l’IA moderne
L’index Staan ne se contente pas de remplacer les solutions américaines. Il est spécifiquement optimisé pour les grands modèles de langage (LLM) et les applications d’IA générative. Les développeurs accèdent via API à du contenu web frais avec des algorithmes de reranking avancés. Qwant utilise déjà Staan pour générer des résumés de recherche par IA.
Confidentialité : le pari européen
Contrairement aux modèles américains qui exploitent les données utilisateurs à des fins publicitaires, Staan adopte une approche privacy-first stricte. Toutes les requêtes sont traitées sur des serveurs européens, garantissant la conformité avec le RGPD.
La menace d’une coupure américaine
Christian Kroll, PDG d’Ecosia, alerte sur les risques géopolitiques :
« Une coupure soudaine de l’infrastructure de recherche américaine pourrait ramener l’Europe à l’utilisation des annuaires téléphoniques »
Cette déclaration souligne l’urgence de construire une infrastructure européenne indépendante.
Une réponse législative européenne
Le projet s’inscrit dans le cadre de la loi européenne sur les marchés numériques (DMA). Cette réglementation impose un accès équitable aux plateformes des géants technologiques, créant un environnement favorable à l’émergence d’alternatives européennes.

Défis de croissance et perspectives
Le déploiement de Staan suit une stratégie progressive. Le marché français constitue le premier terrain d’essai, avec une expansion prévue vers l’Allemagne dans les prochains mois.
Objectifs de part de marché ambitieux
Pour 2025, EUSP vise des parts de marché conséquentes : 50 % en France et 33 % en Allemagne. Ecosia espère servir 30 % des recherches françaises via Staan d’ici la fin de l’année. L’objectif à plus long terme : atteindre 5 à 10 % du marché européen d’ici 2030.
Des contraintes financières réelles
Le chiffre d’affaires 2024 d’Ecosia s’établit à 24,2 millions d’euros, en baisse de 8 %. Cette diminution reflète les difficultés financières des acteurs européens. La structure à but lucratif de l’EUSP permettra de lever des capitaux externes, contrairement au modèle à but non lucratif d’Ecosia.
Une coalition européenne en construction
Olivier Abecassis, PDG de Qwant et de l’EUSP, appelle d’autres entreprises européennes à rejoindre l’initiative. L’objectif n’est pas de détrôner Google, mais de construire une alternative viable et durable pour l’écosystème numérique européen.
















