MCP vs passerelles API : elles ne sont pas interchangeables

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Vers une IA souveraine, MCP et Agentgateway ouvrent de nouvelles voies
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Dans un paysage de l’intelligence artificielle en pleine expansion, les passerelles API traditionnelles peinent à suivre le rythme des agents AI complexes, tandis que le protocole MCP et les solutions AI-native comme Agentgateway émergent comme alternatives prometteuses. Cet article compare ces deux approches – les API gateways stateless pour les microservices versus les protocoles stateful conçus pour l’IA – en se basant sur leurs architectures, usages et implications sécuritaires. Pourquoi choisir l’une ou l’autre en 2025 ? Pour les entreprises françaises adoptant l’automatisation, cette analyse révèle des enjeux d’efficacité et de souveraineté numérique.


À retenir

  • Les passerelles API traditionnelles excellent en gestion de trafic HTTP mais limitent les interactions AI stateful.
  • Le protocole MCP, lancé par Anthropic, introduit une communication bidirectionnelle via JSON-RPC pour les agents AI.
  • Agentgateway, projet open source de la Linux Foundation, offre multiplexing et sécurité fine pour l’IA agentique.
  • Coûts : Solutions A pay-as-you-go autour de 0,86 € par million d’appels ; Solution B gratuite en open source.
  • Usages cibles : DevOps pour A, développeurs AI pour B, avec focus sur l’automatisation d’entreprise en Europe.

Architectures protocolaires : stateless contre stateful dans l’IA

Les fondations techniques des passerelles définissent leur aptitude à l’IA moderne. D’un côté, les modèles traditionnels reposent sur des principes hérités du web classique ; de l’autre, les innovations AI-native intègrent le contexte pour des flux plus intelligents. Cette section dissèque ces architectures pour éclairer les choix en automatisation.

Passerelles API traditionnelles : un modèle requête-réponse isolé

Les passerelles API traditionnelles, ou API gateways, fonctionnent sur un principe de communication sans état, dit stateless. Chaque requête arrive isolée, sans mémoire des interactions passées, ce qui simplifie le scaling mais restreint la gestion de sessions persistantes. Dans ce cadre, le protocole HTTP domine : la sémantique repose sur les en-têtes, l’URL et ses paramètres, avec des méthodes comme GET ou POST.

Le corps de la requête subit rarement un traitement approfondi ; il suit un schéma prévisible, souvent décrit par l’Open API Specification. Le modèle dominant est requête-réponse, où le serveur répond de manière synchrone. Bien que les versions récentes supportent les flux Server-Sent Events (SSE), elles n’inspectent pas les événements individuels, limitant leur utilité pour les flux AI dynamiques.

Cette architecture, issue des années 2010 avec l’essor des microservices, positionne ces outils pour des architectures cloud basiques. Chez AWS API Gateway ou Kong Gateway, le passthrough proxy – qui relaie sans altérer – rend fragile toute adaptation à des protocoles comme JSON-RPC. Résultat : des tentatives de parsing via Lua ou JavaScript alourdissent la maintenance et ralentissent les performances.

Protocole MCP et passerelles AI-native : état et bidirectionnalité au cœur

Le Model Context Protocol (MCP), standard ouvert lancé par Anthropic en 2024, marque un tournant avec sa base en JSON-RPC 2.0. Contrairement au stateless, il adopte une communication avec état, stateful : un ID de session, baptisé Mcp-Session-Id, lie toutes les interactions. Ce mécanisme maintient un contexte riche, incluant capacités négociées, résultats d’outils antérieurs et états asynchrones.

Ici, le transport HTTP sert de simple vecteur ; toute la sémantique vitale réside dans le corps JSON-RPC, rendant la couche HTTP « muette ». Le modèle est bidirectionnel : le serveur MCP initie des communications via SSE pour des mises à jour en temps réel, comme des progressions de tâches AI. Cette approche convient aux agents AI qui nécessitent une mémoire continue, évitant les redites coûteuses en tokens.

Agentgateway, projet open source incubé par la Linux Foundation et contribué par Solo.io, incarne cette vision comme premier plan de données natif pour agents AI. Construit en Rust pour une performance optimale et une sécurité renforcée, il gère nativement les messages JSON-RPC. Déployable sur Kubernetes via le projet CNCF kgateway, il s’aligne sur les standards émergents comme A2A (Agent-to-Agent).

Tableau comparatif des architectures protocolaires

CritèreSolution A : API Gateways traditionnellesSolution B : MCP et Agentgateway
Modèle de communicationStateless, requête-réponseStateful, bidirectionnel
Protocole principalHTTP avec en-têtes/URLJSON-RPC 2.0 dans le corps HTTP
Gestion de sessionAucune nativementID de session persistant (Mcp-Session-Id)
Support SSEPartiel, sans inspectionComplet, pour updates serveur
Adaptation AIFragile et coûteuseNative, pour agents complexes

Ce tableau met en lumière les écarts : la Solution A suffit pour des API REST simples, mais la Solution B excelle en observabilité et en gestion de flux AI, où le contexte stateful multiplie l’efficacité.

Usages et valeur ajoutée : de la gestion de microservices à l’agentique AI

Les applications réelles révèlent la pertinence de chaque solution dans l’automatisation. Tandis que les API gateways traditionnelles ancrent les infrastructures cloud, les MCP gateways propulsent les écosystèmes AI vers des scénarios complexes. Explorons ces usages pour évaluer leur impact en entreprise française.

API gateways pour DevOps : trafic et intégration basique

Les utilisateurs cibles des API gateways sont les architectes de microservices et équipes DevOps dans des environnements cloud. Elles gèrent le trafic pour services REST, avec une intégration PaaS fluide, comme Amazon API Gateway qui crée des APIs sans code. Fonctionnalités clés incluent l’authentification via JWT, OAuth ou API keys, le rate limiting pour prévenir les abus, et le load balancing pour répartir les charges.

La terminaison TLS sécurise les connexions, tandis que la journalisation offre des métriques HTTP précises. Dans un contexte européen, ces outils aident les PME à scaler leurs apps sans expertise profonde. Pourtant, face à l’IA, leurs limites sautent aux yeux : pas de multiplexing MCP, qui agrégerait plusieurs serveurs en un endpoint virtuel pour orchestrer des agents AI.

Le manque de compréhension des sessions empêche une application de politiques midstream, rendant inadaptées les politiques fines en cours de flux. Fournisseurs comme Azure API Management ou l’open source Apache APISIX dominent, mais exigent des customisations onéreuses pour l’AI, augmentant le fardeau infrastructurel.

MCP gateways pour l’IA agentique : outils et automatisation avancée

Les MCP gateways s’adressent aux développeurs bâtissant des apps AI composites, assistants de codage ou agents de trading. Le MCP agit comme un « port USB-C pour l’IA » : les modèles AI en clients MCP se connectent à des serveurs MCP pour des outils externes, comme bases de données ou API REST encapsulées. Cas d’usage incluent l’analyse de données en requête SQL par AI, ou la création de pull requests sur GitHub.

Dans la fabrication française, ils surveillent des capteurs en temps réel pour une maintenance prédictive. Agentgateway ajoute du multiplexing : il broie outils multiples – météo et bases de données – en un endpoint unique, facilitant les workflows complexes. Sa valeur réside dans l’intégration A2A et MCP, avec support Kubernetes pour un déploiement scalable en Europe.

Pour les entreprises, cela démocratise l’automatisation : un agent AI peut enchaîner tâches sans recréer le contexte, économisant des ressources. Contrairement aux gateways traditionnelles, il encapsule les API REST existantes comme outils natifs, évitant des refactorings coûteux.

Impact sur l’efficacité opérationnelle

La Solution A optimise les microservices avec une efficacité prouvée en volume, mais stagne en AI où les sessions stateful boostent la productivité. La Solution B, via son brokering, réduit les latences en multiplexage, idéal pour l’observabilité en temps réel. En 2025, pour les acteurs français de l’IA, cette praticité stateful pèse lourd face à la rigidité stateless.

Sécurité, gouvernance et modèles économiques : enjeux pour l’adoption en Europe

La sécurité et les coûts conditionnent l’adoption durable des passerelles. Les approches traditionnelles priorisent la couche HTTP, tandis que les AI-native intègrent une gouvernance fine pour les agents. Cette analyse évalue ces aspects critiques pour une souveraineté numérique accrue.

Sécurité basique et coûts flexibles des API gateways

Les API gateways appliquent des politiques au niveau HTTP : authentification par jeton, validation de schémas et contrôle d’accès par chemin. Le passthrough proxy bloque toute enforcement sur flux SSE individuels, exposant des vulnérabilités en streaming AI. En gouvernance, cela suffit pour des APIs statiques, mais pas pour des interactions dynamiques.

Les modèles de coûts sont pay-as-you-go : AWS API Gateway offre un free tier pour 1 million d’appels annuels, puis environ 0,86 € par million pour HTTP APIs. Google Cloud API Gateway gratuit jusqu’à 2 millions mensuels, puis 2,58 € par million. Kong Enterprise facture 29,45 € par million de requêtes. Ces tarifs conviennent aux usages modérés, mais les customisations pour JSON-RPC gonflent les frais de développement.

En Europe, le RGPD impose une journalisation fine ; ces outils la fournissent, mais leur maintenance personnalisée alourdit les équipes IT, risquant un verrouillage fournisseur.

Gouvernance avancée et open source des MCP gateways

Agentgateway, conçu comme point de contrôle sécurisé, impose des politiques sur les mouvements d’agents dans l’organisation. Il gère les interactions agent-to-agent, agent-to-tool et agent-to-LLM avec une autorisation fine-grained, comme au niveau outil pour limiter les accès. Le MCP inclut nativement permissioning et scopes, avec sanitization des réponses pour masquer les données sensibles.

Construit en Rust, il assure performance et sécurité sans failles mémoire courantes. Open source sous Linux Foundation, il évite le vendor lock-in, favorisant la souveraineté pour les entreprises françaises. Déploiement flexible – bare metal, VM, conteneurs ou Kubernetes – s’adapte aux infra hybrides européennes.

Économiquement, gratuit en base, les coûts se limitent au déploiement ; pas de frais par appel, contrairement à la Solution A. Cela démocratise l’accès à l’IA avancée, aligné sur les tendances open source en Europe.

Verdict final : vers une infrastructure AI-native

Pour des microservices REST simples, les API gateways traditionnelles restent efficaces et matures, avec des coûts prévisibles autour de 0,86 € par million d’appels. Elles conviennent aux DevOps gérant du trafic HTTP sans complexité AI. Cependant, en 2025, l’essor des agents AI impose le stateful : le MCP et Agentgateway surpassent en multiplexing, sécurité fine et intégration outils, sans frais récurrents grâce à l’open source.

Si votre priorité est l’innovation en automatisation – comme des workflows agentiques pour l’industrie française – optez pour la Solution B. Elle offre une valeur ajoutée en gouvernance et évolutivité, réduisant les risques de maintenance. Pour une transition, commencez par hybrider : encapsulez vos APIs existantes dans MCP via Agentgateway, boostant ainsi l’efficacité sans refonte totale.

Les développeurs européens, face à la tendance A2A, trouveront en Agentgateway un allié pour une IA souveraine et pratique. Cette comparaison souligne : l’avenir appartient aux protocoles natifs, où le contexte stateful transforme les limites en opportunités d’automatisation.


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